Nue vers toi

 A notre ressemblance

Je ne crois pas que Covid 19 soit l’ennemi à abattre. Je crois que chacun de nous est co responsable de son existence et que nous l’avons collectivement et inconsciemment créé, à notre ressemblance.

Nous & Co, même désir de conquête, même goût du pouvoir et de la performance, même obstination à posséder (les corps et les esprits), même volonté à ne pas mourir, à survivre à tout prix.

Dans mon enfance, j’ai appris la loi du père : « L’homme est un loup pour l’homme. Ou tu manges ou tu es mangé » et la loi de la mère : « Laisse glisser sur la cuirasse de ton indifférence et souris, la grimace est plus belle« .

La violence est inscrite au programme dès notre conception. C’est le chemin de l’incarnation, le passage obligé, semble-t-il.

Il nous (é)meut, d’abord par mimétisme, puis, avec courage et détermination, par élévation progressive de notre conscience, au fil des épreuves qui balisent le parcours, nous la transmutons en compassion pour nous-mêmes.

 

Comme si

Nous passons une grande partie de nos vies à nier l’enfant en nous, à « faire comme si« , comme si nous étions adultes, comme si tout était normal. Et puis, avec un début de lucidité et de tendresse, nous pansons nos plaies d’animaux humains (ma)traqués par la laideur d’une société bidon, agie comme une marionnette au service de la négation de ce qui la terrorise, à savoir ce qui se cache derrière le masque.

Nue vers toi

Nous ressentons alors le besoin d’avancer sans masque, à venir « nu(e) vers toi », comme le chante si joliment Clara Luciani. Alors, il faut bien oser briser ce qui reste du mur de glace qui sépare notre animalité et notre humanité. Cesser de projeter sur (tous) les autres la cause de notre inaptitude à la joie, l’affection, la fortune, la santé…

Laisser émerger en soi ce qui fut conditionné, muselé, nié, anesthésié, enterré en secret dans les cryptes familiales.

Laisser se souvenir de ce qui fut jeté aux oubliettes de l’inconscient, l’âme mutilée, torturée, abîmée par les abus de confiance, la cruauté ordinaire régie par l’ignorance, le cynisme, le désespoir, la rage qui étouffe les coeurs quant une nouvelle vie menace l’ancienne.

Laisser fondre ce qui fut gelé par l’angoisse de la perte devant ce qui éclôt, ce tout nouveau né, cet être étrange à qui on déclare la guerre et interdit de fleurir, fructifier, être messager(e) de fécondité, liberté, paix, amour parce que son accueil sans condition signifierait l’acceptation de sa propre mort et de tout ce en quoi on a investi, tout ce qu’on a sacrifié de Soi sur les autels de la vanité et de la consommation.

Co responsable

Je ne crois pas que Covid 19 soit l’ennemi à abattre. Je crois que chacun de nous est co responsable de son existence et que nous l’avons collectivement et inconsciemment créé, à notre ressemblance.

Miroir et messager, il nous montre le mal que nous nous infligeons lorsque nous ne savons plus réfléchir la lumière de notre âme. Laissons-la, chacun nous guider. Tendons chacun l’oreille car c’est dans un bruissement d’ailes, un clignement furtif de l’oeil, qu’elle nous murmure la direction à prendre.

Covid 19 nous invite à muter et c’est à partir du Vide, et non du plein, que nous allons réaliser cette mutation. C’est une merveilleuse révolution intérieure que nous sommes venus vivre sur terre. Nous sommes à la croisée d’un chemin de croissance extra ordinaire.

Clarifier nos attachements et identifications aux figures du passé. Discerner le passé du présent. Laisser le Vide prendre soin du passé. Lui confier le fardeau que nos épaules sont épuisées de porter. Libérer nos mains et nos coeurs de leurs entraves.

Hop hop hop !

Laisser le passé passer. Prendre « juste » soin du Présent de la Vie. Allez, hop hop hop ! 

Patricia Le Hardÿ